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Photo NASA

Un test anti-satellite qui met à mal les relations américanos-russes

16-11-2021 (Màj: 16-11-2021) Philippe Volvert

La Russie a procédé à un test anti-satellite dans les premières heures du 15 novembre 2021, s'attirant les foudres de la NASA. Et pour cause, l'essai a généré un nuage de débris qui croise l'orbite de la station spatiale internationale à chaque orbite.

Que s'est-il passé exactement ?

La Russie a tiré un missile anti-balistique Nudol depuis le cosmodrome de Plesetsk avec pour objectif d'intercepter un satellite hors service datant de l'époque de l'Union Soviétique. Le secret qui a entouré l'essai n'a pu être gardé bien longtemps. Et pour cause ! Rapidement, l'US Space Command, en charge des opérations spatiales, a détecté un nuage de débris circulant entre 450 et 500 km d'altitude sur une inclinaison de 82,5 degrés. Dans les heures qui ont suivi l'essai, le ministère russe de la Défense a reconnu avoir procédé à un tir de missile pour détruire le satellite Kosmos 1408.

Kosmos 1408 est un satellite d'écoute électronique faisant partie de la série Tselina D, développé par le constructeur ukrainien Yuzhnoye. Il a été lancé le 16 septembre 1982 pour remplacer Kosmos 1378 dans sa mission de collecte de renseignements à partir des émissions électromagnétiques d'appareillages électroniques. Il est resté opérationnel jusqu'au début de l'année 1983. Une fois hors service, il a continué sa ronde jusqu'à ce qu'il soit détruit le 15 novembre.

Les conséquences de l'essai

Selon l'armée américaine, la destruction de Kosmos 1408 a généré plus de 1 500 débris qui mettront des années avant de se désintégrer dans les hautes couches de l'atmosphère. D'ici là, ils représenteront une menace potentielle pour l'activité spatiale en orbite basse, notamment pour la station spatiale qui passe à proximité toutes les 93 minutes.

Pour des raisons de sécurité, la NASA a réveillé les membres d'équipage de l'ISS pour mettre en place les procédures d'urgences. Les astronautes ont reçu l'ordre de fermer les écoutilles des modules à l'avant du complexe orbital et d'aller se réfugier à bord de leur vaisseau respectif lors du deuxième et troisième passage à proximité des débris.

Aujourd'hui, la NASA et ses différents partenaires suivent de très près la situation afin de parer à toutes éventualités.

Bill Nelson, le patron de l'agence spatiale américaine, s'est dit « indigné par cette action irresponsable et déstabilisante. » Il ne comprend pas comment la Russie peut mettre en danger « les astronautes américains et les partenaires internationaux de l'ISS, mais aussi ses propres cosmonautes. »

De son côté, la Russie a dénoncé les craintes non fondées de la NASA en affirmant que les débris « n'étaient pas et ne seront pas une menace pour les stations orbitales, les engins spatiaux et les activités spatiales en termes de temps de test et de paramètres orbitaux ». Par ailleurs, elle affirme ne pas avoir violé « les accords internationaux en testant des armes antisatellites » selon Vladimir Dvorkin, ancien chef du 4e Institut central de recherche (TsNII) du ministère russe de la Défense.

Un essai russe... et pas que !

La Russie n'est pas la seule à avoir effectué ce genre d'essai. En 2007, la Chine a détruit le satellite météorologique Fengyun 1C qui se déplaçait sur une orbite circulaire culminant à 865 km d'altitude. L'année suivante, c'était au tour des Etats-Unis avec le satellite USA-193, détruit par un missile SM-3 tiré depuis un croiseur lance-missiles. En 2019, l'Inde détruisait à son tour le microsatellite Microsat-R, générant 270 débris.

Sources

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